Les timbres démonétisés de France
Entre le vert et le bleu, la vie courte et tumultueuse du 5 francs type Gandon rose. Le dernier timbre de France démonétisé ! Le 5 francs vert au type Gandon sera émis en avril 1945.
On peut voir que le 5 francs rose reprend la suite de la fabrication du 5 francs vert, et le changement de tarif le 2 avril n’arrête, ni ne modifie la fabrication avant le 13 janvier ! Il aurait été possible de surcharger la fabrication en cours, ce qui n’a pas été souhaitée, pourtant en 1949, le 6 francs rose sera surchargé 5 francs lors du changement de tarif !
Le 1er janvier 1947 un nouveau tarif impose ce 5 francs rose, mais une baisse générale des prix le 2 janvier aurait pu signer sa mort, une solution permettra de le voir sur les courriers pour écouler les stocks, une baisse à l’achat dans tous les bureaux de poste ! Si des timbres ont été vendus moins cher que leur faciale, cela ne s’est fait qu’en indiquant dessus la nouvelle valeur, ce qui ne sera pas le cas ici, de plus la fabrication de cette vignette dans l’atelier du timbre continuera pendant plusieurs jours. Ainsi ce timbre d’une faciale de 5 francs ne représente que 4.50 francs, alors que dans le même temps un timbre vert lui, coutera réellement 5 francs.
Le 1er avril 1947 (ce n’est pas un poisson d’avril) le 5 francs rose sera démonétisé*, ainsi il ne pourra plus servir pour le courrier. Un timbre de 4.50 francs au type Gandon fût imprimé pour remplacer ce timbre, dès le 23 janvier 1947 il pourra remplacer ce 5 francs rose. L’année 1947 est pleine de rebondissement au niveau des tarifs postaux, en effet la carte postale de 5 mots au plus passe à 3 francs le 1er janvier, puis à 2.80 francs pour donner suite au 10% du 2 janvier, va descendre à 2.50 francs le 1er mars. Il est vrai que cette même carte à destination de l’étranger est taxée 2 francs uniquement ! Ça ne l’empêchera pas de repartir à 3 francs le 8 juillet de la même année. Dans le même ordre d’idée, la carte postale ordinaire (plus de 5 mots) passera respectivement de 4 francs à 3.80 francs, puis 3.50 francs pour finir à 5 francs le 8 juillet (c’est le tarif du nouveau 5 francs bleu). Le tarif pour l’étranger est plus cohérant que pour la carte de 5 mots, mais reste stable depuis février 1946, 6 francs.
Fin juillet* de la même année un nouveau 5 francs au type Gandon, cette fois bleu, prendra la place perdue du timbre rose (les catalogue indique que l’émission se fera le 15 juillet, or la fabrication commence le 17 juillet !) *l’Officiel de la Philatélie indique son émission vers le 10 août, cependant ce timbre a été rapidement mis en vente car j’ai pu voir une lettre oblitérée de Paris comprenant ce timbre dès le 26 juillet 1947 accompagné du 3 francs vert. Le 3 francs vert est signalé émis le 25 juillet, il est probable que le 5 francs bleu fût émis en même temps.
Le 8 juillet 1947 le nouveau tarif pour la carte postale est de 5 francs, malheureusement le rose est démonétisé, reste le vert, car le bleu ne sortira que le 25* juillet.
Un autre timbre partagera le règne des « Gandon », pour 5 francs le site Vezelay s’expose sur les cartes postales. Il aurait pu servir pour la lettre simple, comme celui ci-dessous, sur lettre le 3 janvier.
Il n’empêche que le 5 francs rose se retrouve sur une carte en août 1947 pour le nouveau tarif, sans être taxé !
En 1961 encore, deux timbres démonétisés se retrouvent sur cette lettre.
Les tarifs de l’année 1947 sont donc plutôt chaotiques. *Les timbres démonétisés en France : Dès 1893 Arthur Maury attaquera le sujet en précisant que tous les timbres qui ne sont plus du type actuel devraient être démonétisés. Le prétexte étant que les employés des Postes ne s’y retrouve plus. Que pourrions-nous dire à l’heure actuelle ! Alfred Montader en 1909 dans le Postillon indique que c’est une absurdité de ne pas démonétiser les anciens timbres français ! Et nous sommes en 1909, une époque où un timbre de 1849 suffit à l’affranchissement d’une lettre. Ainsi il prend comme exemple la difficulté qu’il aurait à payer ses impôts avec des pièces de monnaie datant de la période des timbres de Napoléon, timbres qui peuvent cependant affranchir le courrier. L’idée n’est pas absurde, pensez-vous pouvoir payer vos impôts avec ce type de pièce de monnaie ? Je m’imagine avec une brouette de pièces ancienne devant le centre des impôts, non pas que je paye beaucoup d’impôt (on en paye toujours trop) mais plutôt dû à l’inflation.
Pourtant nous pouvons affranchir nos lettres avec le timbre de la même période ci-dessus. Concernant le timbre, il en faut une quantité importante pour affranchir aujourd’hui son courrier ! 50 centimes d’ancien franc correspond à environ 7 centimes d’€uro.
Mais les abus sont légion, et on trouve de tous sur les courriers actuels, quelques fois les utilisateurs ne sont pas plus au courant que les préposés qui traitent le courrier. Je me souviens de discussion sur le sujet, concernant la démonétisation des timbres en anciens francs (c’est absurde de les conserver comme valides vu la valeur faciale que cela représente), mais probablement les timbres en nouveaux francs en service depuis 1960. En effet le timbre est une valeur
fiduciaire, comme une pièce de monnaie, mais il sert à
payer un service spécifique. Il est certain que la Poste a gagné de l'argent à
l'époque de la vente de ces timbres, mais des gens en
ont profités, ils sont pour la plupart à la retraire et
tant mieux pour eux. Il a été plusieurs fois question avec le
passage à l’€uro de démonétiser les timbres dans l’ancienne
monnaie. En mai 2000 dans Timbres Magazine, Michel
Melot écrivait que pour certains, une bonne dizaine d’années
seraient nécessaires avant qu’on puisse tout résorber et
envisager la possibilité d’une démonétisation effective. Dans le numéro d’avril 2005 le titre
de son article était : La démonétisation des timbres en
francs : nécessaire et inévitable.
Un exemple d’affranchissement frauduleux passé sans problème (5 timbres au type Gandon pour une valeur totale d’environ 3 centimes d’euro) tarif en avril 2011, 53 centimes au tarif lent.
Lettre affranchie avec un timbre taxe, un préoblitéré et un timbre en franc avec surcharge (seul valable sans la surtaxe), soit un total de 38 centimes d’euro. La lettre verte est à 68 centimes d’€uro en 2015.
Courrier suivi affranchi 1 francs, soit 15 centimes d’€uro (le timbre est non oblitéré, il peut donc resservir ?).
Les décrets
A cette liste il faut ajouter les timbres surchargés pour la libération, mise à part les trois timbres Mercure surchargés RF par l'imprimerie des Postes Boulevard Brune. Les 2 timbres surchargés pour la Poste Aérienne, N°3 et 4, auquel il faut ajouter les surchargés au type Merson pour l’exposition de Bordeaux en 1923, et du Havre en 1929. Contrairement à ce que signale Pierre de
Lizeray dans les Documents Philatéliques de 1971 les timbres de
la deuxième série des Orphelins de Guerre ne perdent pas leurs
valeurs faciales le 31 août 1934, mais ne sont plus vendus
qu’à la R.P. à cette date.
Il est vrai que l'information signalant
leurs démonétisations sera diffusée dans le journal
l'Intransigeant en 1950 et sera reprise par tous les articles à
venir dans les différentes revues. Si la démonétisation des 2eme et 3eme séries n'a pas été
actée, ce ne fût pas le cas pour la 1ere série, et cependant il semble que celle-ci a été re-monétisé ! Une autre information, recueillie dans L'Officiel de la Philatélie permet de confirmer la note ci-dessus, et même de signaler que la première série a été re-monétisé en 1927, ainsi ces timbres des Orphelins de Guerre n'ont plus lieu d'apparaître dans la liste.
Bibliographie : - Michel Abram dans le
Monde des Philatélistes en 1997 (le 5 francs Marianne de Gandon
rose). - Arthur Maury dans Le
Collectionneur de Timbres-poste en 1893 (Démonétisation des
anciens timbres-poste français). - Série d’articles
dans l’Echo de la Timbrologie en 1907 (De la
démonétisation des timbres-poste). - Alfred Montader dans le
Postillon en 1909 (Démonétisations). - (Les timbres
démonétisés) dans Le Monde des Philatélistes d’avril
1959. - Pierre de Lizeray dans
les Documents Philatéliques en 1971 (Timbres démonétisés). - Jack Blanc dans les
Documents Philatéliques en 1989 (timbres-poste démonétisés
1944-1947). - M. Pedrero dans La Philatélie
Française en 2016 (Timbres de France démonétisés). |
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Dernière mise à jour : octobre 2020 |