Et si certaines villes avaient trouvé une solution pour retrouver le préposé oblitérant les timbres*.
LAdministration des postes a fréquemment rappelé certaines règles concernant le marquage des timbres-poste.
Prenons par exemple cette information dans le bulletin mensuel des postes davril 1875 :
Lors de cet appel, la
poste utilisait le « losange GC » dit timbre
oblitérant, pour annuler les timbres, le timbre à date était
normalement utilisé pour marquer le pli.
En mars 1876 dans le
même bulletin mensuel des postes, une instruction va supprimer
lutilisation des « losange gros chiffre »,
loblitération se fera avec le timbre à date sur le
timbre directement, et aussi sur le pli.
Dans ces informations,
ladministration en profitera pour rappeler
limportance de la netteté des empreintes des timbres à
date.
Il y est écrit que
ceux qui failliraient, sexposeraient à des mesures de
sévérité
Ladministration ne souffre pas des
abus concernant le matériel oblitérant, voir les quelques
lignes dans le bulletin de novembre 1876 :
En mars 1877, sans doute dû à
laccroissement des correspondances, et aussi à
lemploi exclusivement des timbres à date pour annuler les
timbres-poste, ladministration émettra la note
suivante :
Il est précisé quun justificatif serait
nécessaire si la période de renouvellement est plus courte que
les 4 années définies.
En aout 1877, une nouvelle fois, la
recommandation tombe !
Et en avril 1878, encore une fois !
« Ils sont
avertis que lAdministration userait de sévérité
vis-à-vis de ceux
»
Une nouvelle fois,
cependant il faut trouver les « fautifs » et dans un
bureau ou plusieurs personnes font le même travail, comment
différencier un agent dun autre
En septembre 1880, on
retrouve une recommandation.
En aout 1882, il est
précisé que toute nouvelle négligence sera sévèrement
réprimée.
On peut y lire :
Au moyen des parts des
facteurs, des pièces de comptabilité et autres documents de
service quils reçoivent des bureaux de leur département,
les directeurs peuvent se rendre fréquemment compte de
létat dentretien des timbres à date.
Alors ma théorie
est-elle improbable ?
Chaque jour les blocs dateurs sont mis à jour, et frappés sur un document pour vérifier l'état du timbre à date, voici déjà un élément de suivi.
Voici un exemple :
Les marques postales
différentes, utilisées simultanément.
Le mystère des
multiples oblitérations dites « Type 18E (type 20) ».
Lexemple le plus
flagrant en est pour la ville de Clermont-Ferrand.
Dennis Lavarack sortira en 1967 sa «Nomenclature
des bureaux de poste français 1876-1899 ».
Il y indique que laccroissement du volume
du courrier nécessite une augmentation du nombre de postiers et
donc de cachets.
Ainsi il prend exemple sur Clermont-Ferrand, qui
y a utilisé simultanément sept variétés du cachet type 17
bis (type 18).
Simultanément est le mot ! La lettre
présentée possède bien sur le recto une de ces oblitérations,
mais au verso une deuxième marque postale est présente.
Ainsi on peut constater que le timbre à date du
verso nest pas le même !
Légèrement plus grand, 23.5mm au lieu de 23mm
pour celui du recto, présent à droite, et le diamètre du
cercle intérieur fait 14.4mm pour celui de gauche, (verso de la
lettre), et 14mm pour celui de droite.
Cest surtout par létoile que
lon peut différencier du premier coup dil ces
deux oblitérations.
Alors pourquoi ces petits signes
distinctifs ?
Pourquoi pas une sorte de traçabilité ?
Afin de savoir qui est lauteur de lannulation des
timbres en analysant la marque postale.
Ici un employé a marqué les timbres lors de la
4eme levée, puis un autre lors de la 7eme levée ?
Est-ce plausible ?
Dautres villes ont utilisées ce genre de
timbres-à-date dans la période du type Sage.
Je pense à LA FERTE-S-JOUARRE, BELFORT-FAUBOURG
DES ANCETRES (3 oblitérations), CHATEAU-LA-VALLIERE,
MONTREUIL-BELLAY, St LAURENT de CHAMOUSSET, (2 oblitérations) et
sans doute dautres
La Ferté sous
Jouarre, moins de 5000 habitants dans la période qui nous
intéresse.
-
Château la Vallière, 1300 habitants environ.
-
Montreuil-Bellay, 2000 habitants.
-
St Laurent de Chamousset , 1700 habitants.
Clermont-Ferrand et
Belfort étant dans une autre catégorie avec 50000 habitants
environ.
Ces oblitérations se
rencontrent de 1878, pour les premières, et bien au-delà de
1900 pour certaines.
Linstruction de
mars 1877 permettait de changer les timbres à date dès 4 ans
dutilisation, entre 1878 et 1884, date du remplaçant, le
type A, cest 6 ans, soit une possibilité de 2
renouvellements avec les multiples utilisations
Plus tard, toujours
pour Clermont-Ferrand, on peut voir des A1 de 1885, puis
des A2 jusquen 1901, sans pour autant y avoir de changement
dans la transcription.
Cette période est
pourtant plus longue, près de 16 ans, et malgré
laugmentation du trafic, les renouvellements
respectent les mêmes caractéristiques.
Même si dans la
période des type A existent aussi CLERMONT-FERRAND en
entier :
Pour ma part,
nétant pas un spécialiste des timbres à date de
Clermont-Ferrand, jai recensé 8 timbres à date du type
18.
Voir tableau avec
dates rencontrées (Ces dates peuvent aisément être
complétées) :
Quelques
représentations :
Première date
rencontrée, juin 1876 pour le type 18, jusquà la moitié
de lannée 1877 le type 17 était encore le plus couramment
utilisé.
CLERMONT-FERRAND PUY-DE-DOME
En 1877 CLERMONT-FERRAND PUY-DE-DOME
En 1879 CLERMONT-FERRAND PUY-de-DOME
Cest à partir de 1880 que lon
rencontre le type 18E à Clermont Ferrand, avec 2 types
détoiles :
CLERMONT-FERRAND *PUY-DE-DOME*
Avec une étoile à cinq branches sur le
deuxième type.
CLERMONT-FERRAND *PUY-de-DOME*
Avec une étoile à cinq branches sur le
deuxième type, vu dès janvier 1880.
Vu
le T19 en 1886 : CLERMONT-FERRAND PUY-DE-DOME
Si le type adopté dès 1884 est bien le
type A, celui présenté ci-dessus doit pouvoir se trouver sur
des lettres avant cette date, vu jusquen 1896, ce qui ne
signifie pas quil nexiste pas de pli ultérieur à
cette date.
Idem pour ce type 19 orthographié
ainsi : CLERMONT-Fd PUY-DE-DOME
Pour finir cet extrait dans
"Les estampilles postales" de Stéphane Strowki à
propos des oblitérations Chargements de Paris :
"On remarquera qu'au cours de sa transformation, cette
marque a perdu les chiffres latéraux qui encadraient le mot
Paris et qui désignaient, par leur numéro de classement, les
agents par qui la lettre était manipulée."
C'est plus clair que des marques de différenciations...
Evidemment tous les type 18E ne sont pas concernés ainsi une ville ayant un seul employé n'a pas besoin de marque de différenciation.
D'ailleurs cela ne concerne pas uniquement le type 18E (avec caractère séparateur de la ville et le département, plutôt utilisé pour séparer plus lisiblement ces deux éléments, donc principalement pour les lieux, ou les départements ayant beaucoup de caractères) mais tous les type 18 en général.
Lorsque le matériel créé un timbre à date, j'imagine qu'une demande en bonne et dû forme est effectuée.
Je serait bien surpris qu'aucune épreuve ne soit réalisée, étant dans l'imprimerie, chaque cliché est conservé pour un éventuel renouvellement.
*Ainsi il est possible que celui-ci pour une raison de suivi, modifie légérement la gravure...